Laure Renaud Une semaine sans toi

par ©dominique ottavi. tous droits réservés  -  8 Janvier 2014, 10:28

Laure Renaud

Une semaine sans toi et autres textes

éditions du Panthéon

J’ai longtemps dit, écrit, et répété ce sentiment de n’être pas au monde, de n’être pas né, d’être en cette vie, comme à l’arrière d’un miroir sans tain : je la vois, la vie, vivre et bouger, les gens, la réalité – ce qu’on appelle ainsi- et je n’y suis pas. Ce sont les rushes d’un film qu’il me reste à monter, à ma convenance personnelle, pour tâcher de me sentir exister… d’où ma pratique constante d’ écrire, composer, chanter, dire à haute voix… qui finissent toujours par me laisser seul, désemparé, abandonné. Alors je m’y remets de plus belle : écrire, composer, chanter, dire…

Laure Renaud, vous me voyez bouleversé par la richesse de cette matière autour de laquelle les mots de votre recueil de nouvelles se cherchent, parfois un peu « à côté », pour la mieux nommer, et cet « à côté » constitue pour moi la porte d’entrée à ce monde palpitant, ineffable, violent et tendre, où je crois voir comme un jumeau féminin de moi-même, ce qui tombe bien ! Un jumeau de ce monde à moi, jusqu’aux larmes et la douleur joyeuse d’éprouver ce qu’un autre que moi ressent à sa propre originale façon…

Alors, je n’ai plus besoin de moi, car le faisceau de la lampe puissante porté sur les murs de ces gigantesques cavernes où le jour, depuis le déluge, n’était toujours pas né, où je ne voulais pas le laisser entrer, arc-bouté, têtu, et dans cet entêtement, d’autres lisaient de la témérité… Mais un jour, bas les masques, il faut dire. Laisser entrer. Se dire. Rencontrer. Pour ne pas finir par tourner l’arme de cette lucidité refusée, niée, contre soi-même, ou ce qu’il en reste.

Laure Renaud, je me ramasse dans vos mots, et je leur fais gagner la guerre. La guerre avec moi-même. Cette guerre dont on ne revient pas.

Laure Renaud nous prend la main dans le sac des émotions qu’on cherche encore à se cacher. On a beau faire, Laure explique que tout est inutile : on ne parviendra pas à s’en défaire, le livre refermé, à moins d’une désarmante mauvaise foi, car « plus tu t’enfonces dans ce leurre, ce mensonge de ton être et plus tu t’éloignes de toi… dès lors il te sera chaque jour plus douloureux de vivre et dur de trouver une raison de vivre. »

Le tour de force de Laure Renaud – et ce n’est pas le moindre des compliments à lui adresser- est de nous guider dans ce foisonnement obscur par la grâce d’une écriture simple, dépouillée, dépourvue de toute affectation, innocente et souvent enfantine, - le faisceau de la lampe !- ainsi que font les grandes paraboles qui cherchent depuis des millénaires à éclairer l’humanité en ses cavernes.

© dominique ottavi

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R
Dominique,je ne peux parvenir à te dire combien je suis touchée qu'un homme de ta sensibilité, de ton intelligence puisse écrire tout cela sur mes mots.. ce texte restera en moi à jamais...merci de tout ça et par dessus tout de toi,de ta différence. laure
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D
comment te remercier encore, Laure, pour cette lumière que tu portes aux autres?