GRAND BRUIT & BRUIT SOURD

par dominique ottavi

 

                        GRAND BRUIT & BRUIT SOURD

 

 

                                    à Marie-Dominique Sampieri

 

            Grand Bruit est copain avec Grands Frais. Ils sortent souvent ensemble, l’un comme l’autre légèrement imbus d’eux-mêmes, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce soir ils descendent vers la mer. Ils se sont laissés dire qu’à la Paillotte du Pénitencier, enfin l’ex-Pénitencier, une grande fête, avec la participation exceptionnelle de la mirifique célèbre Princesse ECHO, est donnée en l’honneur du retour de l’été, qui ne saurait à présent tarder.

            Cheminant de concert, Grand Bruit ne tarit pas d’éloges sur la tenue remarquable, remarquée, adoptée pour l’occasion par son compagnon : mocassins rouges vernis, cravate à poix framboise, monocle et smoking moiré du meilleur cru, du meilleur effet. En comparaison, il se trouve lui, Grand Bruit, malgré sa corpulence, un peu léger. Il faut dire que son vaste volume justement, dont il est si souvent embarrassé, ne lui facilite pas la quête d’une tenue seyante sans discussion, des chaussures jusqu’aux pieds, ce qui fait que Grands Frais, tout en étant sincèrement heureux de sa compagnie, le snobe un peu. Ça rend Grand Bruit, qui n’est pas un imbécile, un peu triste et pas loin de basculer dans une bouderie franche et catégorique. Grands Frais n’en a cure, commande champagne et petits fours, sitôt apportés par un garçon délicat qui sait, sans se faire remarquer, se faufiler délicatement entre les tables. Merci, mon ami, comment vous appelez vous ? demande Grand Bruit. Pas de réponse. Mais enfin, mon ami, comment vous nomme-t-on ? Pas de réponse. Grand Bruit crie : mais votre nom, quoi ?! Le garçon troublé, tremblant un peu face à la notable présence corporelle de son interlocuteur, lui répond, un peu bégayant : Bruit Sourd. Grand Bruit s’esclaffe : ah ça j’avais remarqué ! Vous aviez remarqué quoi ? Que vous êtes sourd, sourd dingue. Sourd, certes, c’est mon patronyme, mais pas dingue ! Votre patronyme ? Oui, mon nom est Bruit Sourd, pour vous servir, Messeigneurs et tous les trois, pris d’un coup les uns pour les autres, d’une aussi franche qu’imprévue sympathie, versent de plus illico dans ce qui apparaît d’un coup participer d’une vraie amitié aussi soudaine que rigolarde. Quel trio ! Grand Bruit, Grands Frais, Bruit Sourd… Grand Bruit : dites-moi Bruit Sourd ne serions-nous point parents, vu la similitude parfaite de nos noms ?... Grands Frais, fâché : si je vous dérange, dites-le. Du reste nous nous appelons bien Grands tous les deux et ça ne signifie absolument pas que nous ayons le moindre lien de parenté, manquerait plus que ça ! Mais non, Grands Frais, tout le monde ne peut pas s’appeler Bruit, il faut de tout pour faire un monde etc. Allons, demeurez ! Bien, mais Bruit Sourd ne nous a pas répondu, c’est dingue ! Non, c’est normal : il est sourd dingue comme vous savez, ou bien sourd comme un pot, mais question : pot de fleur ? pot de chambre ? pot d’adieu ? postiche ? popotin ? La réponse, nous risquons de l’attendre. A la vôtre, goûtons de ce breuvage qui promet, vu sa robe onctueuse. Au loin la mer bruisse doucement, scintillant de sa rumeur mate. Grand Bruit : Bruit Sourd, savez-vous ce qu’est un bruit mat ? Silence. Il répète : savez-vous… hurlant comme un beau diable, un beau géant diable… ça fait s’agiter en tous sens sa grosse graisse, pareille à de la gélatine. Bruit Sourd ne sachant plus où se mettre, d’une voix plaintive : non, je ne crois pas le savoir vraiment, mat ça vient d’échec et mat, non ? Quand on est mat, on dit qu’on est fichu, ce n’est pas bon pour un Bruit, imaginez un Bruit fichu, un colifichet tout nu ! Alors Grands Frais sort de sa réserve : Excusez du peu, Messieurs, mais je fus dans ma jeunesse champion, au niveau national, d’échecs, quelque part, en Herzégovine, je sais de quoi je parle, moi : quand on est mat, on n’est pas forcément fichu, l’adversaire qui vient de vous faire mat a obtenu le mat par sa force, qu’elle soit mentale, ou même physique, mais n’oublions pas, par la force on ne peut rien obtenir, puisque la force tôt ou tard se retourne contre soi…

 

            La soirée va son train, c’est la valse des plats, plus appétissants les uns que les autres, tandis que des artistes se relaient sur la scène : clowns, jongleurs, circassiens, amuseurs, conteurs, poètes… Nos trois amis ne sont pas les derniers à applaudir, ils auraient tant voulu prendre leur part de la scène, quand soudain le présentateur annonce : qui voudrait venir donner, en passant, un petit numéro de sa façon. Grand Bruit immédiatement propose à ses deux amis de créer un trio inédit… Diseurs d’histoires, chanteurs ?? Va pour les chanteurs en trio. Mais qu’allons-nous chanter ? Quoi ? demande Bruit Sourd. Qu’allons-nous chanter ? Quoi ? Oh ça va, Grand Bruit s’empare d’un gros feutre et sur le paper-board écrit les paroles de ¨ A la claire Fontaine¨. Ça vous va comme ça, Bruit Sourd ? Grands Frais aussitôt se rengorge : on aurait pu choisir une œuvre un peu plus distinguée, celle-ci est d’un commun, d’un populaire ! Grand Bruit : bon ben on n’a pas le temps de se préparer. Comme vous voudrez…

 

            Le Présentateur s’efface d’un coup devant une longue silhouette féminine, cape et capuche noires des pieds jusqu’aux yeux, qu’on ne distingue pas, ni le visage. Je vous demande d’applaudir Princesse Écho, Princesse de l’Harmonie et des Outils Adéquats. Elle reçoit tous les matins de 10 h à 12H dans sa Chambre au sein même du Pénitencier. Pour un prix modique elle ne sera pas avare de conseils propres à optimiser vos voix, votre présence en scène et le reste. Ce soir, le vainqueur de ce radio-crochet, puisque vous êtes bien tombés sans le savoir sur un Radio-Crochet, dont on doit l’improvisation aux sociétés Ici & Maintenant, Chocolat ou Rien, Literie Optimisée, FlicFloc, Tictac et j’en passe… emportera le prix d’une séance gratuite avec Princesse Écho dans sa chambre-studio du Pénitencier.

 

            Le spectacle suit son cours : à présent, nos trois escogriffes à peine débarqués sur scène déclenchent une hilarité générale, et qui dure, et quand pour finir ils chantent, c’est pire, bien pire… « Il y a longtemps que je t’aime… » L’hilarité devient gloussement universel, on se tape sur les cuisses, eux sur scène n’en ont cure, ils continuent, ils insistent de plus belle. Grands Frais aurait bien aimé prendre la poudre d’escampette, mais trop tard : ne pas ajouter la honte de fuir au ridicule de la situation. Et puis se dit-il, je ne peux laisser ainsi tomber mes compagnons, dans ma famille ça ne se fait pas, ne s’est jamais fait, notre blason en fait foi….

 

            Le délire total s’installe, va-t-on, comme naguère, casser les fauteuils ?

 

            Mais voici le moment de la proclamation et de la remise des prix :  à la surprise générale, le jury décerne à notre Trio le premier, toutes catégories confondues : chant, humour, cirque, acrobatie, popularité… et j’en passe.

 

            Le Présentateur, tenant Princesse Écho, dont on ne voit toujours pas le visage, ni les yeux, par la main, s’avance et dit : le premier Prix va, grâce l’enthousiasme général, débordant et facétieux, à notre Trio qui gagne donc le droit à une consultation gracieuse chez notre Princesse Écho dans sa chambre-studio du Pénitencier. On applaudit, l’assistance hurle, quolibets, railleries, tout y passe…

 

           

 

 

 

 

 

            Dans la Chambre, le Trio.

 

            Princesse Écho. Elle leur fait chut de la main, qu’elle semble poser sur des lèvres absentes, sous la capuche, puis vient se poser tour à tour en face de chacun, parcourant de ses mains fines les épaules, les fronts, les gorges.

 

            Grand Bruit n’attend pas son tour : aussitôt, encore tout énervé par l’accueil du public, commence à donner de la voix : « A la claire Fontaine, m’en allant promener… » ça borborygme, ça ventriloque, ça appuie sur les consonnes et déchire les voyelles. Princesse Écho ne le quitte pas de ses yeux absents, qu’on devine pourtant attentifs et ses mains dessinent des arabesques autour de la tête, de la bouche, la poitrine de son patient…

 

            Un écran jaillit du sol en face d’eux, Princesse Écho à beau lui tourner ostensiblement le dos, on comprend que les paroles qui s’inscrivent en lettres lumineuses viennent d’elle, et d’elle seule.

 

            Grand Bruit, je peux vous dire tu ? Ça me sera plus facile. Grand Bruit acquiesce dans un grognement. Tu vois, tu te laisses tomber sans ménagement dans la note que tu es supposé chanter, mais tu t’y vautres, vautres, comprends-tu ? Il te faut alléger, alléger et alléger encore, pas vraiment nécessaire d’y mettre toute ta graisse, alléger pour toi-même, la joliesse de ton chant et pour laisser une belle place aux voix de tes deux acolytes, puisque sans eux tu n’es rien, pas un trio à toi tout seul, non. Avec ses impositions simplement elle l’amène, peu à peu à retenir la puissance de sa voix, à l’affiner… Elle le fait parler, et ce qui sort de sa voix à lui, c’est ce qu’elle lui dicte par ses gestes. « Je suis complexé par ma corpulence, donc j’en rajoute, normal, j’ai bien compris. Bon. Que faire ? Princesse Écho que faire ? » La pression des mains sur ses épaules se fait plus insistante : « imagine que tu es une jolie petite coccinelle, rouge et noire forcément. Comment parlerait-elle, prendrait-elle la parole ? Comment chanterait-elle ? Essaie, va ! -Mais je vais être ridicule, une telle petite voix émanant de mon gros corps sans joie ? -Essaie, trouve ta voix, ta voie, ta joie ! Abandonne-toi…

 

            Sur l’écran, à côté des mots de Princesse Écho, apparaît d’un coup ce qui ressemble à une console de mixage de studio d’enregistrement, virtuelle, mais au fonctionnement bien réel : les trois rangées verticales où s’empilent « leds » « vu-mètres » « potentiomètres » correspondent chacune à la voix d’un de nos trois compères. Elle réagit à son volume, son « timbre », ses graves, ses aigus, ses médiums… de sorte que le concerné puisse « voir » ce qu’il est en train de chanter, voir la musique, voir le chant... par le biais de ces petites lumières vertes, oranges, rouges… qui réagissent, gesticulent à la moindre sollicitation sonore, la moindre parole, dansent une sarabande incessante, jubilatoire, multicolore. Regardez sur l’écran ces grappes de lumières, focalisez-vous sur celle du volume, chacun la sienne, certes, mais l’idée est qu’elles ne fassent plus qu’une ! Et moi qui ne suis pas Princesse Écho pour rien, j’y mets mon grain de sel : je m’occupe des aigus, des graves, des basses, et j’empaquète le tout, volumes compris, avec votre accord - il ne s'agit pas d'un paquet cadeau ! - en une harmonie issue de la vôtre.  Que j’ai le pouvoir de gérer.

 

            Princesse Écho reprenant : « en réalité ce que chacun de nous entend de sa voix n’est pas du tout ce qu’entend notre entourage, à fortiori le public… Cette console virtuelle doublée de mes conseils, et des corrections que j’y apporte remplacera pour l’heure le maître de chant, ou de chapelle, auprès duquel, en tant qu’apprenti professionnel on doit travailler inlassablement des années durant pour tenter d’atteindre le « niveau ». Chanter n’est pas un acte naturel, un art qui va de soi… Si l’on veut toucher l’autre, le public, il faut se ménager des « repères » à l’intérieur de sa propre tête, sa bouche, sa langue, ses dents, sa poitrine, ses membres, son corps. Mes conseils verbaux ne suffisent pas, ils nécessitent trop de temps pour qu’on puisse espérer les voir appliqués, en tirer un vrai profit. Les lumières vont vous guider immédiatement, en temps réel utilement, doublées de mes mots, de mes gestes.

 

            Rappelez-vous : vous ne devez ni écraser les autres, ni vous effacer, chacun à sa juste place, auquel il doit se donner sans compter.

 

            Princesse Écho se retourne vers Bruit Sourd qui n’a cessé de chanter : « il y a longtemps que je t’aime… » inaudiblement, penaudement, au bord des larmes. Bruit Sourd : moi c’est le contraire. J’imagine ma taille comme étant d’au moins la moitié de celle de Grand Bruit. Mais c’est impossible ! – Tttt ! essaie, trouve ta vraie voix, ta voie. Princesse Écho le prend sous son aile, à grands gestes lents, lui caresse le front et le cœur : Sur l’écran : « tu vois le milan, le noble milan qui tournoie en survolant le Cintu, léger, aérien certes ? » et bien il est pourtant vraiment plus que présent. Ne cherche pas à donner de la voix, que tu n’as pas, mais d’être là, écoute tes deux amis, accompagne-les, tu ne peux faire sans eux, puisque vous vous êtes rencontrés, ça on ne peut le gommer, n’en fais pas trop, sois juste toi-même content de chanter avec eux, grandi par eux, pas diminué, pose ta voix subtilement parmi les leurs, affirmée dans sa noblesse, sans altérer pourtant la finesse de son vol tournoyant, au milan que tu te dois d’être, comprends-tu ? je suis là pour t’aider à donner le maximum de frémissement, d’écho  à ta voix qui est vraiment belle, le sais-tu ? Princesse Écho l’amène à prendre sa place, sans plus avoir peur du ridicule, et de sourire sans répit, pour la joie, et la qualité du son. « Quand tu chantes une chanson triste, n’en rajoute pas en prenant un air lui-même triste, désespéré, souris, souris au contraire de tout ton allant et tu verras que la tristesse de ta chanson sera plus convaincante par la grâce de ton sourire, qui détend ton visage, tes lèvres ta bouche… » Et le voilà qui se hisse peu à peu, de sa vraie voix, au rang harmonieux de bruit normal, Bruit Quotidien, Bruit de la vie, juste milieu, voix du milieu.

 

            Les rangs de « leds », « vu mètres » et autres « potentiomètres » continuent de s’agiter, s’allumant avec plus ou moins d’intensité, s’éteignant parfois pour mieux reprendre, de plus belle, le phrasé des mots, les irruptions, interruptions, accélérations, ralentissements des voix…

 

 

            Grands Frais s’applique encore, sa bouche en cul de poule : « j’ai trouvé l’eau si beeeeeeelleeeee, que je m’y suis baigné… » Princesse Écho lui tourne autour, passe dans son dos, l’agrippe par les épaules qu’elle fait monter et descendre tout à tour, avec on peut le constater une certaine brutalité… « Pense à la simplicité, la belle simplicité que tu connais mal, mais que tu peux imaginer, celle des gens simples, sans esbroufe, sans apprêt, les gens ordinaires qui n’ont rien à démontrer qu’eux-mêmes, ce qu’ils sont vraiment… Allez, lâche-toi, je t’aide, pense à l’enfant que tu étais, seul dans ta chambre le soir, loin du regard des autres, parents, serviteurs… gens importants, l’oncle ambassadeur et j’en passe… soit simplement si tu peux le tiers du Trio qui sans toi va à l’échec, et rabaisse un peu ton caquet - Que je rabaisse mon caquet ? Soyez polie, Princesse Écho, non, mais dites donc ! Vous êtes qui pour m’adresser la parole sur ce ton ? Je suis votre aide choisie, par vous, oui que vous le vouliez ou non, votre coach comme on dit aujourd’hui. Apprenez-vous aussi à aider, être utile, imaginez que vous voilà en blouse verte en train de soigner les victimes du virus. Que je sorte de moi-même, de chez moi, pour venir en aide à autrui ? Vous n’y pensez pas ! je n’ai pas été élevé de la sorte. Comment faire ? Trouve ta voix, ta vraie voie, celle qui est derrière ta morgue abaissée. Grands Frais, je t’en prie : sors franchement ta voix, cesse de t’écouter parler, t’écouter chanter. Hisse-toi jusqu’à ta voix juste, ta vraie voix

 

 

            Et, miracle ! subitement tous les trois, de concert, « lâchent » leurs voix, chantent vraiment, pour de bon, appliquant sans bien le vouloir ni l’avoir désiré les directives de Princesse Écho. Imprévisiblement, le miracle se fait, d’harmonie vibrante et frémissante à l’unisson, rêve d’une cohésion totalement limpide entre eux trois, rassemblant toutes leurs différences pour en faire un hymne à la vie, à l’existence, comme en témoigne à l’évidence le jeu à présent complètement débridé, mais parfaitement unifié, des petites lumières vertes, oranges, rouges …

 

           

`          Trio reprend la scène et là, gentiment, simplement entonne à nouveau « A la Claire Fontaine » : un long frémissement d’émotion s’empare d’un public ému aux larmes.

 

            « Vous voyez ce n’est pas ce qu’on dit ou chante qui compte, c’est la manière de le dire ou de le chanter :  la manière dépend toujours de l’intention qu’on y met, l’attention à l’autre, à la mission qu’il est bon de se donner, puisque c’est elle seulement qui peut nous faire mériter le nom d’humain : inventer le sacré, c’est notre job - les dieux n’y sont pour rien ! - » chuchote Princesse Écho. Elle poursuit : « je n’existe pas en tant que telle, princesse magicienne, je ne suis que l’émanation de vos décisions individuelles d’œuvrer ensemble à l’harmonie universelle, de vous y consacrer de toutes vos forces, la seule façon de rendre la vie supportable, alors j’apparais, VOUS me faites apparaître, c’est donc fait ! A présent je m’en vais, je serai toujours de retour chaque fois que vous saurez à nouveau, vers le même but, unir vos cœurs comme vous l’avez fait ce soir- et ce n’était pas, vous le savez bien, gagné d’avance !

           

            Une ovation sans fin suit la représentation – mais est-ce bien le mot qui convient ? Les trois compères ne sont plus « en représentation » mais « en action », ils ne représentent pas, ils SONT ce qu’ils chantent. Dès lors le public au grand complet, suivant sur l’écran les mots et les lumières, sans qu’on lui donne le moindre signal, se met à chanter en chœur, respectant les consignes lumineuses et la fête est parfaite, et la joie complète, chacun se sent grandi en lui-même, on peut le constater à l’émotion palpable qui emplit la pinède, tandis que dans le ciel étoilé s’envole la grande cape noire de la Fée Écho. Sans un mot, elle disparaît, laissant derrière elle un long sillage sonore, bruissant comme la mer à midi devant le Pénitencier, et qui ne disparaîtra plus, plus jamais : tous trois, par sa grâce, viennent d’établir la belle union, l’écho justement de cette harmonie qui, dit-on, soude l’univers et qu’il nous appartient, dépassant chacun nos particularités, de trouver, d’établir en nous, au plus profond, là où  les autres et soi-même, gommant sans pour autant les nier, les différences, se rejoignent, s’unissent…

 

© Dominique Ottavi. Tous droits réservés

 

 

           

           

 

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