Patricia Pinzuti au Lazaret : Une vision donnée à voir

par dominique ottavi  -  16 Juin 2020, 11:29

À propos d'une expo au Lazaret d'Ajaccio, quelques années en arrière... ce texte retrouvé...

Si la vie est un champ de bataille, un chemin de halage entre la nuit et le jour, une déflagration immobile de dévastation entre abandon et embellie, un passage de témoin en cette course sans fin qui ne mène nulle part, Patricia Pinzuti y met les formes, légères, évanescentes, de gaze et d'air. Et ces formes adoucissent, caressent, rendent ludique le propos du sculpteur Marc Petit, en leur dérision même. La grâce de ces accrochages en plein ciel, quand le vent joue la fille de l'air en ces tissus diaphanes, est bien comme un vol de papillons incolores, inconsolables, sur la steppe de l'âme. Plus loin, un reste de bivouac improbable, et surtout pas militaire, évoque irrésistiblement la vacuité de lêtre en sa dernière tanière, lorsque le monde se fige sans interrompre les paroles de la brise du soir.

Alors, comme à une consolation, un contrepoint, on s'attarde aux oeuvres sous cadres aux murs de la très belle bibliothèque du Lazaret. Chef d'oeuvres de minutie, matières sensibles que l'artiste livre sans insister -elle est déjà plus loin- et l'on retourne sous le ciel : comment ainsi passer du "monumental" à l'intime, si précieusement nommé ? C'est tout le secret de Patricia de nous livrer ainsi, sans affectation, les deux faces parfaitement cohérentes de la vision qu'elle offre, loin de toute ostentation, à voir.

 

©dominique ottavi

 

 

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