Mon cher neveu

par ©dominique ottavi. Texte & photo. tous droits réservés.  -  26 Juin 2013, 19:02

Mon cher neveu

Mon cher neveu,
Le débat que tu as initié sur l'identité est ambigu, parce qu'il flirte sans jamais vraiment le dire avec les notions de nationalités et de nationalismes... Il y a deux sortes de nationalismes : l'un qui oppresse son peuple, en lui demandant de se soumettre corps et âme à l'idée de nation, qu'il faut servir, la Grande Dame; l'autre qui veut libérer son peuple en le débarrassant de l'oppression, d'où qu'elle vienne, y compris dans sa propre "race". Dans la première catégorie tu as Hitler, Franco, Mussolini, toutes les ex-dictatures ( ça va revenir) d'Amérique du Sud téléguidées par l'ultra-libéralisme yankee, marchand d'armes (entre autres)... Dans la deuxième, tu as -et oui!- Fidel Castro? Chavez and C°.... Certains ici ont voulu mettre un signe égale entre ces deux types de nationalismes, ce sont des fourbes, des hypocrites et des menteurs... Castro a emprisonné, certes, des opposants à sa révolution contre Battista, jamais il n'a voulu éliminer une race entière sous le prétexte qu'elle polluait sa race à lui... La même chose pour les autres. Je demeure profondément marxiste et le Front National français, avant d'être une officine de l'extrême droite française, désignait, pendant la dernière guerre, tous les progressistes qui se battaient dur pour libérer le pays de l'envahisseur nazi, et accouchaient finalement du programme du CNR (conseil national de la résistance) qui, à la libération, inventait la nationalisation ( c'est à dire la remise au peuple) de l'énergie, des transports, l'invention de la Sécurité sociale et autres... Alors le bla bla bla sur les frontières ou pas, et tutti quanti, je m'en bats l'oeil, car, issus tous, autant que nous sommes, de deux branches, le père et la mère, proches ou éloignés ( géographiquement, culturellement), nous sommes finalement en demeure de devenir nous-mêmes, en faisant un choix parmi tous ces possibles : on n'est jamais que du pays que l'on s'est choisi, en fonction de notre désir, conditionnement, héritage etc... Le contraire de la loi du sang, quoi ! (Et quel sang ? cette utopie dévastatrice... Je n'ai aucun lien de sang avec personne, mon sang c'est le mien, et celui de ceux qui à l'occasion d'un accident ou d'une intervention chirurgicale, ont pu me le donner...) Je sais, moi, qui me veut citoyen du monde, que je ne l'ai jamais été autant que depuis mon retour définitif en Corse,voici 17 ans, car la Corse est mon pays, et quand je dis ça je veux dire : celui que je me suis choisi, et que la Corse est une colonie française qui n'a pas le droit à son économie, à sa langue, ni à son identité : les Français ne le veulent pas ! Nous l'interdisent. Je ne suis pas plus Corse qu'un autre, pas moins non plus, mais mon désir est là, et je porte dans ma révolte coutumière ce que les forces de la conquête royale de mon île ont infligé à mes ancêtres ( des Oradour sur Glane en pagaille, des récoltes détruites, des villages entiers enfermés dans l'église à laquelle ont met le feu, des enfants pendus, le droit de vie et de mort à la discrétion du conquérant, sans jugement, ni discussion, des barrières douanières détruisant une économie qui allait de soi, le mépris, l'insulte, le racisme bien sûr, parce que qui veut "noyer son chien l'accuse d'avoir la rage"), et que la république n'a fait que continuer, voire aggraver. ( Hollande vient de refuser la charte européenne des langues minoritaires : mais c'est la langue di a me Minnana et de mes ancêtres... que peut-il répondre à ça?). Pour en revenir à l'identité, je réponds toujours que je ne suis pas français ( ce n'est pas un peuple, ni une race, ni rien...) je suis corse, citoyen de la république française, et que je lutte comme je peux, avec mes petits moyens, pour essayer de la faire naître, cette putain de république, qui n'en a pas l'air... Elle qui avait originellement vocation de se faire universelle, sans considération de langue, de religion, de race.... Après, le monde est ma patrie et je ne connais de frontière que dans la tête des gens... Je t'embrasse.

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