La postérité de Sade par Jean-Claude Hauc. Edilivre

par ©dominique ottavi. Tous droits réservés  -  31 Mai 2013, 12:44

La postérité de Sade par Jean-Claude Hauc. Edilivre

Diable, Jean-Claude Hauc n'y va pas par quatre chemins. L'annonce (pas faite à Marie) est limpide : si jusqu'ici vous ne saviez pas ce que le Divin Marquis a laissé en guise de petits, vous voilà servis. Précipitez-vous sur ce très beau texte. La malice de mon ci-propos veut répondre à celle de Jean-Claude. Car il est gonflé, l'illusioniste ! Annoncer tout de go qu'il a la clé de l'héritage sadien ! Bon, je ne suis pas un spécialiste, mais j'ai été bluffé par l'excellente et élégante façon dont l'auteur transpose de nos jours les ressorts narratifs de son lointain "patron". J'ai pris un plaisir immense à la lecture des aventures de cette Justine d'aujourd'hui, femme flic, à la case presque départ, et qui disparaît pour finir dans les brumes d'un volcan, image un tantinet peut-être trop romantique et dérisoire, en regard du projet initial. Mais le reste est d'une crudité fort 18ème, et je me dis que notre 21ème réinvente cela gaillardement. Le problème c'est que la morale aujourd'hui a apparemment disparu (voire !), donc difficile d'être contre et de le prouver, et d'inventer ces embrouillaminis raffinés qui ne rendaient que plus cruelle la cruauté. Alors elle s'en retrouve, la cruauté, bien banalisée. Je ne lis pas de polar, n'ayant jamais réussi à y trouver de l'intérêt ( je sais, je sais, je souffre de cette infirmité-là ).

Mais puisque le "prière d'insérer" (en quatrième de couverture) nous explique qu'en fait le texte emprunte les règles de ce genre, je crois que je vais m'y mettre, à présent !

Car le "rendu" est brillant, efficace, surprenant par la surenchère dans la simplicité d'une écriture plus que "blanche", rendant d'autant plus prégnante une audace extrême qu'on finit par prendre comme allant de soi. C'est mené tambour battant, et on aimerait bien la garder un peu plus longtemps par devers soi, la belle Justine, lumineuse, qui fait splendidement le choix du "saugrenu" ( très sanglant saugrenu) dont parle Aragon dans le Libertinage :

"Et que pouvons-nous aimer hors le saugrenu quand l'amour l'est lui-même qui débute par de sentimentales rêveries au clair de lune et finit en contorsions cubiculaires et en plates querelles de ménage...?"

Justine aura jusqu'au bout, à toutes forces et jusqu'en ses extrêmes limites, fait le choix d'échapper à cette platitude.

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