Extrait de Recours au Poème 195

par dominique ottavi  -  7 Mai 2019, 12:04

Dominique Ottavi Missive à Tristan Cabral Il se met à genoux, croyant pouvoir dicter sa loi. Sous le parapet chacun aux aguets se remémore le bon temps passé, mais il est trop tard. On était revenu de loin certes, mais le loin s’est perdu dans l’indistinct, comme les fraises dans le chagrin. Il avait dit : « Ne cédez jamais. Le temps passé est passé, ne vous laissez pas gruger par cette putain de nostalgie qui colle aux doigts, sans négliger le cœur. Les amours mortes sont des peaux mortes qu’on ne peut même pas toucher ni caresser. Voilà ce qu’il en est de s’être un jour senti éternel, voulu éternel. Du reste, personne d’entre nous n’avait rien fait pour le vouloir, juste ça allait de soi, ou ça devait aller de soi. Pas de moi en tout cas. A contretemps, on applaudit de l’ordinaire, du factice, du falsifié facile et sans mystère. Tu crois porter ta croix, tu ne fais que pousser ton caddy entre les rayons, les têtes de gondoles et les vide-ordures. J’ai cru voir des ouistitis brûlés vifs, se consumant dans l’indifférence générale voulue par les indifférents eux-mêmes, qui appuyaient leurs considérations grossièrement grandiloquentes de grands gestes à propos, ne laissant aucun doute sur leur vulgarité innée. Les chèvres escaladent les murs. Nous agissons comme elles, l’agilité en moins, et entre les pierres disjointes nous n’avons jamais rien déniché à bouffer. Alors nous nous nourrissons, nous nous mangeons les uns les autres au lieu de nous aimer et toujours faisons semblant d’être au monde. Ce monde qui nous le rend bien… » Pas grave, Tristan, la prochaine fois je te chante : « C’est la grosse bite à Duduleuuuhhh… »

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :