Cette vie

par dominique ottavi  -  10 Octobre 2020, 10:11

Cette vie, un banc sur un quai de gare vide, entre deux trains. À cheval comme à confesse, tu plies genoux mais ta gloire reste, inentamée. Ne fais pas le benêt, tu avais très bien compris, tout, depuis le début, achalandé que tu étais comme l'étal de la maraîchère. A quoi peuvent bien servir tous ces bréviaires entreposésà la palce du mort ? Sémaphores en goguette, pour ce qu'il en reste de girouettes, queues de grenouille à l'annulaire, et pas peu fières! Je tairai encore une fois ton nom adorable. Ça fera du rab, on te le mettra de côté pour la grande parade des méchants, traîtres, silencieux, vendus au plus offrant. Je lève les genoux dans le petit matin clairet, ma physionomie n'étant plus au goût du jour, je m'y ferai de toute façon. Magie de l'éveil : les membres qui s'étirent d'eux-mêmes sans qu'on ait à leur demander. Ah! Carole et sa barcarolle triste ! Comme j'aimais lorsque nous filions inconscients vers le delta avec nos jambes de bois, nos souvenirs encore frais du Nicaragua, nos billets de tombola... on ne sait jamais, ça peut encore servir, n'est-ce pas Nicolas? Un coup d'épée dans l'eau, de canif dans le vin rouge, de tournevis dans la soupe. Les grimaces sont en sus, la colère fait la sieste. Je n'en dirai pas plus, Madame la Chaisière. J'aurais pu sur le sujet m'étendre, me vautrer, l'air courroucé... puis, j'ai tout abandonné, au fil des songes qui font le temps ronchon, définitivement, mon bon Armand. Dehors, les portes claquent.

 

© Dominique Ottavi. Tous droits réservés.

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