Pierrot-Soleil
elle dit :
Je ne veux pas la peau des rois
des magiciens, ni même celle des rats
je me contentais sans peine
au fond de mes miroirs d'être la reine
mais ce matin c'est l'automne
et je repense à la couronne
que le petit jour m'a confisquée
je crois que j'ai envie de pleurer
ô mon Pierrot ne souris pas
laisse moi pleurer dans tes bras
elle dit :
Le jour est parfois si balourd
qu'on ne sait plus à quoi ressemble une route
tu dis que marcher dans la lumière
ça ne rachètera pas la faute de nos pères
les mots que tu apprivoises
mon corps en fait des phrases
quand je l'aurai accepté
je n'aurai plus à déserter
ô mon Pierrot l'insolence
est ce hochet qui me console de l'enfance
elle dit :
ô mon Pierrot pardonne-moi
de te parler encore sur un quai de gare
j'ai un coeur en Arizona
et un autre dans le creux de tes bras
fallait pas naître si tard
si tard en ce siècle bizarre
à tant vouloir mettre à la voile
on ne fera jamais que mettre les voiles
ô mon Pierrot souris-moi
et retourne lire dans les yeux du sable
elle dit :
l'éternité est dans l'amour
avec les oeuvres du temps mon amour
je veux que tu sois content
je l'aime tu sais ton grand soleil blanc
je t'ai toujours rejoint à temps
dans un port ou sur une piste
dans un livre ou sur un banc
toujours avant la nuit
toujours avant la pluie
dansant
mes danses bleues d'Abyssinie
© dominique ottavi (1981)
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