Pierrot-Soleil

par ©dominique ottavi. Texte & photo. Tous droits réservés.  -  24 Janvier 2015, 21:15

Pierrot-Soleil

elle dit :

Je ne veux pas la peau des rois

des magiciens, ni même celle des rats

je me contentais sans peine

au fond de mes miroirs d'être la reine

mais ce matin c'est l'automne

et je repense à la couronne

que le petit jour m'a confisquée

je crois que j'ai envie de pleurer

ô mon Pierrot ne souris pas

laisse moi pleurer dans tes bras

elle dit :

Le jour est parfois si balourd

qu'on ne sait plus à quoi ressemble une route

tu dis que marcher dans la lumière

ça ne rachètera pas la faute de nos pères

les mots que tu apprivoises

mon corps en fait des phrases

quand je l'aurai accepté

je n'aurai plus à déserter

ô mon Pierrot l'insolence

est ce hochet qui me console de l'enfance

elle dit :

ô mon Pierrot pardonne-moi

de te parler encore sur un quai de gare

j'ai un coeur en Arizona

et un autre dans le creux de tes bras

fallait pas naître si tard

si tard en ce siècle bizarre

à tant vouloir mettre à la voile

on ne fera jamais que mettre les voiles

ô mon Pierrot souris-moi

et retourne lire dans les yeux du sable

elle dit :

l'éternité est dans l'amour

avec les oeuvres du temps mon amour

je veux que tu sois content

je l'aime tu sais ton grand soleil blanc

je t'ai toujours rejoint à temps

dans un port ou sur une piste

dans un livre ou sur un banc

toujours avant la nuit

toujours avant la pluie

dansant

mes danses bleues d'Abyssinie

© dominique ottavi (1981)

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